L’espace de vie quotidien dans les îles est, vue de l’extérieur, un paysage de carte postale. Si le paysage insulaire est un horizon à la fois fabuleux et fabulé, l’horizon, en grec, veut dire qui délimite et borne. Il confine dans un cercle donné, celui de notre regard, comme celui de notre entendement.  

Pantone 18.12 ® s’inscrit dans une pratique élargie de la photographie. Le protocole numérique occasionne une abstraction par la disparition de la profondeur et des éléments de paysages, mer, nuages, soleil.  Du réel, seul reste la couleur, sans mesure, devenue a-signifiante. 

Cette série est réalisée à partir de 24 photographies de couchers de soleil pris du 1er au 24 décembre 2018, depuis le toit de mon atelier à la Réunion. Un double protocole précis s’applique sur chacune des 24 photos : 1 pixel, c’est-à-dire une couleur et une luminosité, est sélectionné sur la hauteur de la photographie puis étendu. Ce processus est répété sur 15 intervalles de la photographie pour engendrer 15 photographies numériques par photo soit 360 photographies numériques en tout.

 Une «recherche tout azimut» qui s’inscrit dans une volonté d’épuiser  la forme et le sens certes, mais pour créer quelque chose qui soit un lien avec le monde, le public, l’autre, soi‑même. J’invite ici au déplacement aussi bien physique que mental, dans cette série qui donne à voir une persistance rétinienne de la couleur, une sorte d’étirement du temps et de l’horizon.  

Extrait du livre « La couleur du ciel à la Réunion », 100p, 24 photos, 360 images numériques