Le paysage se dévoile en un éclair. L’eau de la mer qui reflète le ciel dessine une géographie douce, un monde sans horizon, sans limite. Voici l’île. Le temps suspend son vol dans l’horizontalité d’un espace suffisamment long pour prolonger dans le présent une succession de moments. Nous reconnaissons l’image, à peine ! Nous filons trop vite – ou bien sommes-nous immobiles ? Mirage. Le chant de la mer d’où émerge des brides de Kayamb murmure, à peine audible. Nous sommes d’ici. Nous appartenons à ce lieu.
annaf, 2024
L’île, réalité géographique et allégorie, est une surface de projection pour utopies et paradis terrestres. L’île est une hétérotopie, une marge (ultrapériphérique), un exil (pour certain), des objets d’analyse pour le scientifique et l’artiste. L’île est un motif visuel qui reflète des positions sociales et politiques.
Le rôle de l’artiste est de s’emparer de son territoire, d’en développer une forme future, ce que j’apelle une Topoésie. Cet espace dans l’espace que je crée, territoire de projet inachevé, est le cadre d’expérimentations artistiques qui questionnent la singularité de ce lieu que j’habite dans une perspective globale, offrant un voyage à la fois physique, théorique et esthétique.
Réalisée en 2023, Island est une oeuvre vidéo hypnotique. C’est une réflexion que je poursuis sur l’espace et le temps. Cette série est comme un atlas de paysages insulaires, élaborée comme un grand nuancier de couleurs photosensibles restituant les brillances du petit jour et les matités de l’île de la Réunion vue de la mer.